31 octobre 2017, texte: Katrin Meier, photo: Crafft
Reto Kleiner: Oui, car on peut déduire un certain montant des impôts. En termes concrets, cela signifie que l’on peut verser au maximum 6'768 francs par an dans le pilier 3a. On peut alors déduire ce montant entièrement du revenu imposable.
Les personnes exerçant une activité lucrative indépendante qui ne sont pas affiliées à un 2e pilier peuvent verser 20 pour cent de leur revenu, respectivement 33’840 francs au maximum, dans le pilier 3a. Elles peuvent également déduire ce montant du revenu imposable.
Les versements de capital d’une prévoyance «liée», telle que le pilier 3a, sont imposés séparément par l’administration fédérale des contributions, à savoir au moyen d’un impôt annuel. Les cantons, les communes ou les églises prélèvent également un impôt. On ne peut toutefois pas parler d’un différé d’impôts: les économies d’impôts avant le versement ont toujours été plus élevés que l’imposition en cas de prélèvement en capital, et le sont toujours. Le montant de la différence dépend essentiellement du taux fiscal et du domicile. Vous trouverez des calculs fiscaux précis sur Internet ou vous pouvez les faire faire par un conseiller financier.
Sans le troisième pilier, la prévoyance vieillesse est chancelante, car basée «seulement» sur deux piliers: l’AVS et la caisse de pension. L’AVS paie une rente relativement modeste. Et parce que l’espérance de vie augmente sans cesse, les prestations de la caisse de pension par personne doivent être versées toujours plus longtemps. C’est l’une des raisons pour lesquelles la rente de vieillesse aura tendance à diminuer à l’avenir. Si l’on souhaite maintenir son niveau de vie habituel même après la phase d’activité lucrative, il faut donc impérativement bâtir sur le troisième pilier. A cela s’ajoute que le pilier 3a est l’un des placements les plus intéressants que l’on puisse faire, du point de vue du rapport risque/rendement.
Il ne faut pas forcément attendre la retraite pour toucher des fonds 3a. Ces moyens peuvent par exemple être retirés pour l’acquisition et la construction de la propriété du logement à usage propre ou pour le remboursement de prêts hypothécaires. Il existe d’autres possibilités en cas de retraite anticipée – les fonds 3a peuvent être versés même cinq ans avant l’âge ordinaire de la retraite AVS. Ou lorsque l’on se met à son compte, pour ne citer que quelques cas.
Dès qu’on est adulte et que l’on a son propre revenu, on peut cotiser au pilier 3a. Je conseille de façon générale de commencer le plus tôt possible. Cela vaut la peine notamment à cause de l’effet d’intérêts composés. Le montant peut être faible au début et adapté ensuite au revenu croissant.
Bien sûr. Si c’est fait de manière systématique et avec un certain concept de sécurité, je n’y vois aucun inconvénient. Mais si l’on n’économise pas du tout, on risque la pauvreté des personnes âgées. Cela signifie que soit il faut alors réduire son niveau de vie habituel après la retraite. Soit être dépendant de tiers, et assisté par l’Etat ou par des parents et connaissances. Une étude de Pro Senectute révèle qu'en Suisse, environ 12% des retraités doivent recourir à des prestations complémentaires.
En principe, c’est toujours une question de budget, donc de combien je gagne et combien je dépense. Bien entendu, un père de famille dont le revenu est assez bas économisera moins en francs absolus qu’un père de famille à revenu élevé. Toutefois, le pourcentage du revenu que l’on met de côté comme économies devrait être identique. Dans la pratique nous voyons toujours plus de gens vivre au-dessus de leurs moyens, même des personnes qui gagnent bien leur vie. En pareil cas nous conseillons un conseil et une planification de budget.
Les réglementations légales sont exactement les mêmes pour les deux institutions. L’assurance offre encore une partie d’assurance. Ainsi par exemple, on peut intégrer une libération du paiement des primes. Par exemple, si l’on a un accident et devient invalide, l’assurance continuera à payer les primes dans ce cas jusqu’à la fin du contrat. Le processus d’épargne n’est pas interrompu, et le but d’épargne est garanti. Il est également possible de prélever une couverture en cas de décès. Si la personne assurée décède, il naît un droit de créance direct au capital-décès. Cela signifie que le capital convenu en cas de décès est versé à la personne bénéficiaire, et ce, tout de suite. Même si l’on répudie la succession.
A la banque, c’est réglementé un peu différemment. Les fonds 3a économisés sont certes versés relativement rapidement à la personne bénéficiaire après un décès mais ils ne sont pas protégés contre une action en réduction. Ceci signifie que si l’on porte atteinte à la réserve héréditaire, la personne bénéficiaire peut, dans certaines circonstances, ne pas percevoir le montant total et avoir à en céder une partie. Dans le cas de l’épargne bancaire, le montant du versement effectif est calculé comme suit: montant d’épargne plus intérêt ou performance au moment du décès. Dans tous les cas, ce montant est inférieur au capital en cas de décès d’une assurance – sauf si l’on est proche du départ à la retraite. En outre, l’assurance vie en cas d’action en réduction présente l’avantage suivant: la valeur de rachat est toujours plus faible que le montant économisé plus les intérêts ou la performance. En effet, il faut encore déduire les frais d’acquisition non amortis dans ce cas.
La solution bancaire est surtout intéressante pour des personnes qui souhaitent faire des apports dans un pilier 3a pendant quelques années seulement. Soit parce qu’elles vont bientôt quitter la Suisse, soit qu’elles souhaitent employer l’argent après quelques années déjà pour la propriété du logement. La solution d’assurance convient plutôt aux personnes qui préfèrent une possibilité de placement sûre et à long terme. Le mieux est de prendre contact avec un spécialiste en prévoyance. Il peut analyser de façon personnalisée la situation familiale et financière et démontrer le mieux la solution envisagée.
Reto Kleiner est responsable du Key Account Management pour le domaine Prévoyance privée. Il travaille au siège principal suisse de l’Helvetia Assurances à Bâle.