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«Perlenvorhang» – Pipilotti Rist

Art et architecture

La mise en chantier de nouveaux bâtiments offre également à Helvetia l’opportunité de travailler en collaboration avec des artistes. Les projets associant art et architecture sont l’occasion de créer des œuvres dédiées pour un site spécifique, permettant ainsi à l’art et à l’architecture de se compléter l’une l’autre en interagissant en tant qu’œuvre d’art totale.
«Aufgeweckter Rosenscheitel»
Un projet d'Art et architecture de Pipilotti Rist

URSINAE – atteindre les étoiles

URSINAE, c'est ainsi qu'a été baptisé le toit de 120 m2 en forme d'étoile, situé sur la Bärenplatz à Ostermundigen. Lorsque le soleil brille, les surfaces vitrées en couleur se reflètent sur le sol en pierre naturelle de la place, plongeant celle-ci dans un océan multicolore. À mesure que le soleil se déplace dans la journée, l'ombre colorée du toit se répand sur la place et indique l'heure à la manière d'une horloge solaire.

Les constellations de la Grande Ourse (Ursa Major), de la Petite Ourse (Ursa Minor), et d'Arcturus (gardien des ours en grec ancien) ont servi de source d'inspiration à l'artiste pour la réalisation du toit en forme d'étoile ainsi que des couleurs chatoyantes. Arcturus est également appelé constellation du Bouvier, soit un joli clin d'œil au nom de famille de l'artiste. L'architecture de la cathédrale de Berne, avec ses vitraux majestueux et sa croisée d'ogives, de même que l'ours, animal présent sur les armoiries de la ville de Berne et qui a donné son nom à la BäreTower, ont également inspiré l'artiste.

L'œuvre d'art URSINAE, face à la BäreTower, à Ostermundigen.

Photos: © Ioana Marinescu

De gigantesques éclaboussures de peinture

Entièrement réalisée au pochoir, technique complexe, la peinture s'étend sur cinq étages et attire tous les regards. L'observateur étonné découvre une énorme éclaboussure de peinture blanche projetée au-dessus d'un motif à rayures verticales, déclinées en couleurs gaies et brillantes. Par-dessus apparaît une autre tache immense, cette fois d'un bleu d'encre profond. Ce travail s'intitule «Vollkasko» (casco complète). Des éclaboussures énormes de peinture simulent les taches qui auraient pu se produire lors d'un accident impliquant des pots de peinture géants. Les éclaboussures sur les murs parlent d'une manière générale d'accidents, d'actes de vandalisme, de salissures et de dégradations. En même temps, ces projections de couleur sont aussi une composante importante du vocabulaire de la peinture, de la forme, du geste, de l'énergie et du dynamisme. Le titre «Vollkasko» joue bien sûr sur cette ambivalence, puisque l'assurance casco complète couvre les dommages subis par des objets particulièrement précieux et neufs.

Des comptines pour la salle du Conseil d'administration

«Joggeli», la création artistique de Hans Danuser, s'étend sur trois pièces du bâtiment situé à Bâle au Steinengraben 25: l'entrée, le mur frontal de la salle du Conseil d'administration et ceux du restaurant attenant. L'œuvre, qui fait partie du projet «Counting Out Rhyme» évoquant le thème de la prise de décision, rappelle de façon ludique la fonction de la salle du Conseil d'administration, un lieu dans lequel se déroulent des processus de recherche significatifs et sont prises des décisions déterminantes pour l'entreprise.

Dans ce projet, l'artiste traite un des modèles de prise de décision les plus anciens, à savoir la comptine qui, aujourd'hui encore, est souvent utilisée dans de nombreuses cultures et langues. Pour les murs de l'entrée et de la salle du Conseil d'administration, Hans Danuser a choisi une comptine en Bregagliot (le dialecte du Val Bregaglia) ainsi qu'une en anglais, qu'il a transformées en images graphiques. Telles des partitions rythmées, les mots s'enchaînent sur les murs et plongent les pièces dans des couleurs et des ambiances qui leur sont propres Dans le restaurant, le vers donnant son nom au projet, «Joggeli söll ga Birli schüttle» (Joggeli doit secouer le poirier) et extrait du livre pour enfants de Lisa Wenger, s'envole sur le mur aussi léger qu'un nuage. C'est la première fois que Hans Danuser utilise un extrait de livre d'enfants plutôt qu'une comptine traditionnelle.

Des pyramides au plafond

Le nouveau restaurant du personnel se caractérise par le contraste entre l'intérieur et l'extérieur, le lieu et l'environnement. De par son exposition nord-sud, la longue salle est baignée du matin au soir du soleil qui pénètre par les deux baies vitrées et qui offre une luminosité douce dont l'intensité varie au gré du temps et des saisons. Le plafond conçu par Daniel Robert Hunziker offre des surfaces sur lesquelles cette lumière se reflète, conférant ainsi à la pièce une atmosphère poétique.

Le plafond entier est orné de pyramides à trois côtés, de tailles et de formes différentes, disposées de façon aléatoire et formant une frise que chacun peut interpréter à sa guise L'artiste a créé ainsi des surfaces triangulaires disposées différemment et reflétant la lumière en plusieurs intensités et couleurs. L'interaction entre le plafond sculpté et le jeu naturel de la lumière module l'espace intérieur de façon discrète et pourtant impressionnante, tout en intensifiant le contraste entre la vue attrayante sur la ville et l'architecture du bâtiment.

Une douche colorée dans la cage d'escalier

La création artistique de Pipilotti Rist qui couvre les six étages de la cage d'escalier reliant l'ancien bâtiment au nouveau est parfaitement intégrée aux caractéristiques architectoniques des lieux et jette un pont entre l'architecture traditionnelle et moderne. Elle est constituée de plusieurs milliers de perles facettées de couleur, alignées sur des fils, donnant l'impression d'une photo pixelisée. Ces perles en plastique forment un rideau multicolore. En se reflétant sur les perles, la lumière extérieure crée des ombres colorées sur les murs dont la forme et l'intensité varient au gré du jour et des saisons. Pipilotti Rist parle d'une «douche colorée» se répandant sur les six étages afin de les relier les uns aux autres. Son travail est intitulé «aufgeweckter Rosenscheitel» (Sommet de rosace éveillé). L'artiste a créé une rosace contemporaine inspirée des mosaïques ornant les fenêtres des cathédrales gothiques qui plongent l'intérieur de l'église dans une lumière évocatrice.

Le cachet coloré de la cage d'escalier

Partant du rez-de-chaussée, les surfaces colorées inondent la cage d'escalier du sous-sol jusqu'au quatrième étage. Sur le plafond du sous-sol, la peinture se déverse en un doux dégradé de couleurs jusqu'au foyer dont le plafond est peint en vert et violet. Le quatrième étage, où d'immenses fenêtres permettent au regard de s'évader, est dominé par un turquoise qui, au troisième étage, se conjugue à la couleur rouge et se transforme en violet clair. Au deuxième étage, un rouge vif et un bleu tout aussi éclatant se font concurrence. Le premier étage se distingue par son plafond violet et ses murs roses, le rez-de-chaussée par l'orange et le sous-sol par le bleu foncé.

Les structures du béton non poncé affleurent sous la peinture, conférant à l'ensemble quelque chose de brut, d'inachevé. La cage d'escalier presque sans fenêtre est pourvue de plafonniers conçus par Herzog & de Meuron qui, tout en diffusant de la lumière, interagissent avec la peinture de manière ludique, en éclairant ponctuellement la couleur dans l'obscurité, participant ainsi quasiment à la peinture.

Texte de Denise Frey